Pratiquement la derrière semaine de la saison, pourtant le soleil et le sable chaud sont encore loin.
Loin car je prends la route de bonne heure pour rejoindre les clients a Goppenstein dans l’oberland Suisse.
Anenhutte une cabane tout confort presque trop avec douche chaude, chambre et lit individuel dans un édredon aussi doux qu’un moelleux au chocolat et un sauna…
La journée suivante ne sera pas aussi agréable, la pluie est là devant la porte, elle a déjà frappé toute la nuit sur la fenêtre. On gagne le glacier et après 4h de marche sous la pluie le col est enfin devant nous. La neige fraîche agrémente le slalom entre les crevasses. Des crevasses bien ouverte dans lesquels on n’a pas envie de faire un tour. De 10cm on passes vite à 20cm. Le vent au col est digne des histoires et retour de patagonie. Mes mains sont calfeutrées sous mes bras dans ma veste. Je n’ai pas de gants. J’ai tellement remis et arrangé les différentes paires de crampons des clients que mes mains mouillées ne rentrent plus dans les gants.
Le vent est fort, la pluie matraque nos visages et la cordée est presque à l’arrêt. Pourtant dans ce brouillard la sortie, c’est Hollandia hutte cette cabane perchée sur son morceau de caillou loin de tout.
Mes pieds sont mouillés malgré mais chaussure hivernal je ne sens plus trop mes orteils je sais que l’on doit arriver pour changer ça au plus vite.
La cabane apparaît dans des trouées de brouillard, sa forme est caractéristique c’est elle, enfin. Je crie la bonne nouvelle aux clients pour remonter le moral mais la cordée n’avance toujours pas plus vite. Pourvu que personne ne craque.
200m, pas possible de mettre autant de temps. Je passe au plus près des crevasses et pont de neige. Je dois arriver. Enlever mes chaussures et mes habits. Me réchauffer.
Après des minutes dans cette neige froide et humide, je suis enfin devant la porte de la cabane.
On tire tout, en vrac… Presque nu avec seulement la doudoune sèche du sac.
La gardienne, nous fait chauffer du thé. Nous sommes dans la pièces de vie, collé au poêle et à la théière.
Enroulé dans les couvertures tout nos membres dansent, ne pouvant contrôler ça, notre angoisse se transforme en rire. La chaleur mettra du temps à revenir mais on est dans la cabane à côté de e poêle, il ne peut plus rien nous arriver.
La soirée sera consacrée à faire sécher les vêtements et chaussures.
Le lendemain la météo n’est pas tip top pour faire l’Äbeni Flue alors le réveil se fera à 7h. Tranquille nous descendons vers Konkordia place sur le glacier immense et impressionnant de l’Aletsch. Les zones crevassées se multiplient et les premières petites chutes en crevasses se comptent.
Je suis devant marchant, surveillant les signes de terrain me permettant de déceler les crevasses quand soudain sans prévenir me voilà perforant un pont de neige.
La chute est là, je passe complètement et sans crier gare.
Elle est douce mais je file rapidement vers le fond, les mètres défilent à toute vitesse pourtant je vois tout, j’assiste à tout.
Je me dis si Laetitia ne m’arrête pas elle va finir par me tomber dessus.
Puis je bute sur une marche de glace qui m’arrête. Calé avec une demi fesse dessus et en appuis contre l’autre parois de la crevasse je suis enfin arrêté. Le trou continue pourtant… En haut le soleil passe à travers la crevasse dans toute sa longueur. Elle est large et profonde. Pris entre la beauté de l’endroit et le fait que je peux encore descendre d’un étage je me décide à me mettre en œuvre pour remonter. Je plie et range mon bâton, plante mon piolet dans la glace. Puis je remonte avec mes crampons et mon piolet vers la lumière. Aidé des clients qui tire sur la corde pour me remonter à eux. Je monte vite le long des parois glacières de mon piège.
Le bouchon de neige me remplit de neige. Doucement je suis sorti, vous pouvez arrêter de me tirer.
Un peu de nettoyage et d’ordre. Je rallonge l’encordement et reprend la douce et longue descende vers Konkordia. Les crevasses se multiplient mais la neige disparaît laissant seule la glace apparente. Le slalom commence et la progression est de plus en plus compliquée pour garder un semblant de ligne droite.
Finalement on arrivera au pied des 450 marches qui mène à la cabane de konkordia.
La bière en terrasse ne se fait pas attendre, le sourire au lèvre je déguste se paysage.